En début de carrière, mon épouse et moi partagions des projets de voyages. Nous avons tout mis en oeuvre pour vivre une expérience à l’étranger. Nous avions la chance de travailler pour le même grand groupe international. Il nous a permis de nous expatrier plus de 4 ans en Inde. Au delà de l’accélérateur de carrière, c’est une aventure familiale et humaine extraordinaire que nous avons vécu. Je vous propose dans ce post un éloge de l’expatriation.
L’ouverture d’esprit
En 2005 en France, l’industrie du semi conducteur n’est pas complètement remise de la bulle internet du début des années 2000. L’ambiance est morose, les salariés sont soucieux, ils craignent des délocalisations. Quand nous arrivons en Inde, c’est tout l’inverse. Nous rencontrons des gens qui vivent dans des situations objectivement difficiles voire précaires. Pourtant ils font preuve d’un optimisme incroyable: ils croient en l’avenir. L’expatriation permet d’aider à changer de point de vue, à voir les choses avec d’autres filtres. Et ainsi à plus facilement comprendre et accepter des points de vue que nos modèles mentaux préfabriqués nous interdisaient. Le champ des possibles s’agrandit, l’acceptation des idées des autres devient plus facile, et la peur de l’inconnu se dissipe.
L’adaptabilité
L’évolution de la société nous a habitué à des standards que nous avons intégrés depuis longtemps. On les croit universels. Mais ailleurs ils ne le sont pas nécessairement. Nous disposions de l’eau courante potable au seul robinet de la cuisine équipé d’un filtre. Nous avions de fréquentes coupures d’électricité. Trouver nos produits alimentaires habituels n’était pas toujours possible. Les différences ne se limitaient pas au monde matériel. La nature des interactions humaines était différente, les comportements attendus ou acceptables pouvaient parfois nous apparaitre surprenants. Mais nous avons appris à nous adapter. Le processus d’apprentissage requiert un peu de curiosité, beaucoup d’observation, et la remise en cause de ses réflexes et de ses croyances. Avec plus ou moins de difficultés au début, on trouve des solutions, on se sépare de certains réflexes, on adapte son comportement et ses façons de faire. Ce processus d’adaptation passe par plusieurs phases. Tout d’abord on apprend à « faire sans ». Puis on se met à « faire différemment ». Et enfin on intègre qu’on peut « faire plus » : le panel des possibles a augmenté. Avec le temps, la capacité d’adaptation devient naturelle et tend à devenir une compétence. Cette compétence se pérennise et nous accompagne tout au long de notre vie.
Une incitation à la prise de responsabilité
L’une des premières difficultés professionnelles à laquelle j’ai été confronté, c’est le recrutement. Le marché de l’emploi était tendu, les talents très sollicités, et les budgets limités. Chaque pays dispose de critères implicites pour privilégier certains candidats plutôt que d’autres : la formation initiale et l’école, le genre, la proximité géographique, etc… Ne disposant ni des codes ni du temps nécessaire pour les apprendre, j’ai du faire des choix et les assumer. Le jeune manager que j’étais n’était pas toujours serein car je ne pouvais pas compter sur l’aide de mon propre manager. Il n’était pas la pour me conseiller ni pour partager la charge de la responsabilité. Rétrospectivement, ce fut une expérience particulièrement enrichissante, qui m’a incité à passer à l’action par moi-même, à prendre des responsabilités, et à les assumer.
Loin de vos bases, vous serez naturellement amenés à faire des choix par vous-même. Prendre des décisions en autonomie, dans un contexte culturel qui n’est pas le sien peut apparaitre déstabilisant. Parfois on se trompe, et parfois ça marche. Mais à chaque fois on apprend. L’expatriation est une incitation au passage à l’action, à l’introspection et à la prise de responsabilités.
Un vecteur de reconnaissance
Posséder une expérience internationale valorisera toujours votre parcours professionnel. Et cette valeur sera d’autant plus importante que votre expatriation s’est faite dans une culture différente de la votre, et pendant une période significativement longue.
Que vous vous soyez confronté à l’Asie, à l’Amérique ou à toute autre région lointaine ou culture différente, les expériences acquises seront systématiquement appréciables pour un recruteur. De plus, vous pourrez certainement les utiliser pour illustrer vos propos de manière originale et concrète lors de futurs entretiens d’embauche.
Une expérience familiale et personnelle
Choisir de quitter son pays n’est pas une décision à prendre à la légère. Si l’on vit en couple ou en famille, on doit bien sur intégrer une dimension familiale à l’équation. Pour celles et ceux qui partagent une appétence au voyage, qui ont le gout de la découverte et un brin de curiosité, l’opportunité va bien au delà de la dimension professionnelle. C’est un vecteur de rencontres et de découvertes de nature à marquer une vie. Certains décident d’étendre la parenthèse en s’installant, ou en partant ailleurs. D’autres préfèrent rentrer. Dans les deux cas, sa vision du monde se trouve transformée.
En conclusion
L’expatriation est une aventure, une ouverture sur le monde, sur les autres et sur soi-même. Elle peut donner un élan à une carrière, par les responsabilités qu’elle peut offrir, et grâce au panel de compétences qu’elle permet de développer. Elle demeurera gravée dans votre parcours comme un marqueur de votre adaptabilité que les recruteurs apprécieront. Mais les bénéfices vont au-delà. C’est une possibilité de voyages et de découvertes, une chance pour votre partenaire et vos enfants. C’est enfin un moyen de reprogrammer ses modèles mentaux pour s’ouvrir aux autres et voir le monde différemment, à la fois plus grand, plus divers et plus riche d’opportunités.
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Photo: Neemrana fort – Radjasthan, Inde